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Zoom Afrique du 13 août 2023

Zoom Afrique du 13 août 2023

Les titres de la rédaction :

  • L’OPEP+ devrait garder intacte sa politique de production pétrolière, dans le contexte de la hausse des prix
  • Sénégal : Endeavour investira 55 millions $ dans une centrale solaire à la mine d’or Sabodala-Massawa
  • Togo : le gouvernement a lancé des travaux pour électrifier 18 localités dans la région des Savanes
  • Guinée Équatoriale : l’Émirati Terminals Holding LLC obtient la gestion de l’aéroport international de Malabo

Les analyses de la rédaction :

La Cédéao impuissante face au Niger :

Plus le temps passe, plus l’axe USA-OTAN renforce ses pressions contre le Niger, mais moins ces pressions ont l’effet escompté.

En effet, les pays de la Cédéao ont fermé leurs frontières avec le Niger. Quatre jours après l’expiration de son ultimatum, l’Alliance annonce déployer ses troupes. 

D’un autre côté, la réunion des chefs d’état-major des pays membres de la Cédéao prévue, ce samedi 12 août, est reportée à la semaine prochaine pour des « raisons techniques » et se tiendra à Accra, au Ghana, et non à Abuja, au Nigeria.

Mais ce problème technique semble plutôt être un désaccord entre les membres de la Cédéao, ou bien une incapacité de faire face à la fermeté et la volonté du Niger de se détacher du joug de la colonisation.

Des milliers de partisans de la junte issue du coup d’État au Niger se sont rassemblés vendredi dans le calme près de la base militaire française à Niamey en scandant des slogans hostiles à la France, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« À bas la France, à bas la Cédéao », scandaient les manifestants lors de ce rassemblement qui se tient au lendemain d’un sommet de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ayant donné son feu vert à une possible intervention militaire pour rétablir le président Mohamed Bazoum. Ils ont également brandi des drapeaux russes et nigériens et crié leur soutien aux militaires à l’origine du putsch, en particulier leur chef, le général Abdourahamane Tiani.

Le rassemblement était toujours en cours en fin d’après-midi et se déroulait dans le calme, selon les journalistes de l’AFP.

La Russie s’est une nouvelle fois prononcée vendredi contre toute intervention armée au Niger, estimant que l’usage de la force provoquerait une « forte déstabilisation » de ce pays sahélien, où s’est produit un coup d’État il y a plus de deux semaines.

« Nous pensons qu’une voie militaire de résolution de la crise au Niger pourrait conduire à une confrontation prolongée dans ce pays africain ainsi qu’à une forte déstabilisation de la situation dans l’ensemble de la région du Sahara et du Sahel », a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.

Bien que les pressions se poursuivent contre le Niger et son peuple, ces derniers ne sont pas prêts à baisser les bras. La résistance se poursuit et ce n’est que le début d’une lutte multidimensionnelle africaine contre la néocolonisation.

Le Niger n’est pas seul :

La lutte anti-néocoloniale qu’a commencé le Niger depuis le coup d’État du 26 juillet, n’est en aucun cas une lutte solo et sans appui.

De son côté le Mali soutient son voisin comme il le peut et dans sa nouvelle démarche, le Mali a annulé la délivrance de visas destinés aux ressortissants français.

La France a suspendu, en début de semaine, la délivrance de ses visas aux ressortissants maliens, après avoir placé tout le Mali, y compris Bamako, en zone rouge, « formellement déconseillée » aux voyageurs, indique une source diplomatique.

Le ministère malien des Affaires étrangères a dit avoir appris « avec surprise » le classement de tout son pays en zone rouge, dans la soirée du 9 août, sur les réseaux sociaux. « En application du principe de réciprocité », il a décidé de suspendre à son tour la délivrance de visas par les services consulaires maliens à Paris.

De plus, l’aviation civile malienne a supprimé l’autorisation d’Air France d’exercer entre Paris et Bamako, vendredi 11 août. Depuis lundi, tous les vols entre Paris, le Mali et le Burkina Faso sont suspendus par la compagnie elle-même. Une mesure prise à la suite de la fermeture de l’espace aérien du Niger, après le coup d’État militaire. La fin des liaisons Paris-Bamako, jusqu’à nouvel ordre. Vendredi 11 août, l’aviation civile malienne a mis fin à l’autorisation accordée à Air France de réaliser des vols entre Paris et Bamako. Une mesure prise quelques jours après la suspension, par la compagnie française, de ses vols en provenance et vers ce pays. Le 7 août dernier, Air France a renoncé - de manière temporaire - à opérer ses sept liaisons hebdomadaires avec le Mali et ses cinq vols par semaine à destination du Burkina Faso. Air France avait pris cette décision à la suite de la fermeture de l’espace aérien du Niger voisin.

 Initialement, cette suspension devait durer jusqu’à ce vendredi. Quelques heures avant son expiration, la compagnie aérienne a indiqué l’avoir prolongée jusqu’au 18 août inclus « à la suite du coup d’État au Niger et en raison de la situation géopolitique dans la région du Sahel ». Les autorités du Mali, dont les dirigeants militaires se sont solidarisés avec le Niger, ont sévi contre la compagnie avant même la prolongation de la suspension, qu’elles ont qualifiée de « manquement notoire » aux termes de son autorisation d’exploitation.

L’Agence malienne de l’aviation civile reproche à Air France de n’avoir procédé à aucune notification préalable et d’avoir causé « un désagrément aux passagers », dans un courrier adressé à la compagnie et authentifié par l’AFP vendredi. « Ce manquement entraîne l’annulation de votre autorisation d’exploitation de vols », dit-elle. Cette annulation vaut pour la « saison été » de la compagnie française, précise-t-elle. Cette période est censée s’étendre jusqu’en octobre.

« Votre créneau pourrait être accordé à une autre compagnie qui le solliciterait », dit l’agence, qui demande à Air France de lui soumettre un nouveau programme avant la reprise de sa desserte. Un porte-parole d’Air France a confirmé cette dernière demande à l’AFP.

Le Niger n’est absolument pas seul dans le chemin qu’il a pris contre la France et cie. L’alliance interafricaine est plus forte que jamais et rien ne peut la déstabiliser.

Militaires français en Afrique, le trompe-l’œil de la « réarticulation »

Par Raphaël Grandvaud

Sur fond de contestation grandissante sur le continent, le gouvernement français assure qu’il a appris de ses erreurs au Sahel et qu’il va revoir son dispositif militaire en Afrique. Une nouvelle architecture réfléchie sans le moindre débat démocratique, et qui a tout l’air d’un simple ravalement de façade.

Il y a un an, au moment du retrait contraint des militaires français du Mali et de la débâcle de l’opération Barkhane, les Français avaient eu droit à une campagne de presse sur le thème des nouvelles bonnes résolutions de l’armée française. Le Niger, où s’était repositionnée une partie des troupes françaises, serait alors devenu, selon l’armée française, le « laboratoire » d’un nouveau « partenariat de combat ». La France, désormais, n’agirait plus que « sous commandement nigérien » dans le cadre d’une « une inversion partenariale ».

Il faut croire que les retombées médiatiques n’avaient pas été jugées suffisantes. Un an après, le général de division Bruno Baratz, commandant des Forces françaises au Sahel (FFS) (le nom donné aux déploiements militaires au Niger et au Tchad depuis la fin de Barkhane), remet le couvert au moment où les autorités françaises s’apprêtent à communiquer sur l’évolution du dispositif et des bases militaires françaises en Afrique. Selon lui, il y aurait à l’œuvre une « position philosophique […] différente » nécessitant de « reformater les esprits » des militaires français. Le Monde titrait le 2 juillet 2022 « Le Niger, laboratoire du nouveau “Barkhane” » ; près d’un an plus tard, une dépêche AFP intitulée « Le Niger, “laboratoire” de la France pour sa nouvelle approche militaire en Afrique » est reprise entre autres par Le Monde. Elle souligne à nouveau un « changement de paradigme » et nous assure que la consigne présidentielle de discrétion et de stricte adhésion aux besoins du pays hôte est « respectée à la lettre au Niger ». L’article de l’AFP est écrit par Daphné Benoit, correspondante défense de l’AFP et présidente de l’Association des journalistes de défense, passée notamment par l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN).

Dans une analyse publiée sur AOC, l’anthropologue Jean-Pierre Olivier de Sardan, qui s’était montré très critique sur l’opération Barkhane, donne crédit aux propos du général Baratz comme aux commentaires de l’AFP, lesquels témoignent selon lui « du changement radical des modalités d’intervention de l’armée française en Afrique dans la lutte contre le djihadisme ». « Il faut reconnaître que les troupes françaises ont réellement changé leurs méthodes d’intervention, elles sont réellement placées sous commandement nigérien, elles interviennent réellement en appui aux forces nigériennes au niveau opérationnel, elles se font réellement discrètes. C’est un gros progrès, même s’il est bien tardif », estime l’anthropologue, qui juge néanmoins probable que « la mentalité de “corps expéditionnaire” », « les nostalgies coloniales » et « le sentiment de supériorité et la morgue de donneurs de leçons » n’ont pas pour autant disparu immédiatement des « comportements individuels sur le terrain ».

Depuis soixante ans, la coopération militaire française est périodiquement justifiée par la supposée volonté de former des armées africaines à même de s’en émanciper. L’affirmation selon laquelle la France n’aurait plus « vocation » à jouer le rôle de « gendarme de l’Afrique » est un refrain qui a été entonné sous tous les présidents français...

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SOURCE: FRENCH PRESS TV